Friday, May 21, 2010
La Notion Du Mythe
C'est un Imanol Harinordoquy détendu mais concentré qui a pris le temps de répondre à nos questions avant la finale contre Toulouse. Le Basque ne veut pas revivre la déception de 2006 et compte sur le soutien des supporters pour dominer le Stade Toulousain.
Quel est votre état d'esprit à quelques heures de la finale ?
Imanol Harinordoquy : On ressent beaucoup d'excitation. C'est vraiment un match important pour nous. La pression est là puisque nous entrons dans les derniers moments avant le rendez-vous que nous attendons depuis un moment. Tout le monde a hâte d'en découdre. Maintenant une finale ça ne se joue pas, ça se gagne.
A titre personnel, votre blessure n'est plus qu'un mauvais souvenir ou y aura-t-il une appréhension au moment d'entrer sur la pelouse du Stade de France ?
Imanol Harinordoquy : J'avais une côte cassée, je sais pertinemment que ce ne sera pas cicatrisé samedi face à Toulouse, mais je ne prends aucun risque cliniquement parlant. De toute façon, rien ne m'empêchera de disputer cette finale, c'est une certitude. Je vais mettre un bandage et tout ira bien. En tout cas, il n'y aura pas d'appréhension.
Que représente cet évènement pour le BO ?
Imanol Harinordoquy : C'est un titre que l'on n'a pas. En gagnant samedi, on pourrait entrer dans l'histoire du club, ce serait vraiment un aboutissement pour tout le monde, joueurs, staff, supporters. Mais pour ça, il faut l'emporter samedi face à Toulouse.
Comment s'est caractérisée la montée d'adrénaline cette semaine ?
Imanol Harinordoquy : Chacun vit l'évènement différemment. Avec mon expérience, j'arrive mieux à gérer la façon d'aborder ce genre de rencontres. On se focalise plus sur le match que sur l'enjeu car on risque de passer à côté en agissant différemment.
Vous faisiez partie des joueurs battus en 2006 par le Munster en finale de H Cup, quel a été votre rôle auprès des plus jeunes qui vont disputer leur première rencontre à ce niveau ?
Imanol Harinordoquy : Je tente d'amener mon expérience, mon vécu. Il ne faut pas avoir peur de disputer un tel évènement et surtout ne pas le subir comme en 2006 où l'enjeu avait pris le dessus. J'en garde beaucoup de regrets car on avait la meilleure équipe ce jour là. J'ai insisté sur le fait d'être prêt dès le coup d'envoi, ne pas se focaliser sur l'ambiance qu'il y aura, avec tous les gens présents au Stade de France et toute la pression qui s'en suit. Il faut engranger un maximum de confiance, ne pas être fébrile et ne pas paniquer sur le terrain.
Ressentez-vous une attente particulière au sein du club qui n'a plus remporté de titre depuis 2006 ?
Imanol Harinordoquy : C'est assez particulier cette année puisque personne ne nous voyait en finale. On est passé en quart de finale, on a commencé à y croire. C'est à partir de là et en voyant un certain engouement qu'on a senti qu'il y avait quelque chose à faire. Il y a eu une montée en puissance avec les supporters, la ville. On sent qu'on a un volcan derrière nous. On a construit quelque chose, en réalisant des matches accomplis, maintenant il faut la gagner. On ne se souviendra plus de tout ça, des efforts consentis si on perd samedi.
«Un peu moins de mythe»
Vous allez retrouver le Stade Toulousain, que vous évoque cette équipe ?
Imanol Harinordoquy : C'est ce qui se fait de mieux en Europe, aussi bien au niveau des structures que du jeu. On va jouer le grand Toulouse au Stade de France, il ne faut pas le cacher, même si en demi-finale du Top 14, ils sont passés à travers contre les Catalans. Maintenant ils sont focalisés sur la Coupe d'Europe, qui est leur objectif numéro un cette saison.
Que redoutez-vous de leur part ?
Imanol Harinordoquy : Leur capacité à exploiter les turn-over. Ils vont très vite sur les ballons de récupération et la moindre opportunité peut faire très mal. On ne devra pas trop s'exposer à ce niveau là.
Jouer contre un club français n'enlève-t-il pas un peu de saveur à cette finale de H Cup ?
Imanol Harinordoquy : C'est différent. Personnellement, je trouve que ça enlève un peu de mythe à l'évènement et cela n'aurait pas été pareil si on avait rencontré des Irlandais ou des Anglais. On a un peu l'impression de jouer une finale de Top 14, puisqu'on croise souvent les Toulousains en Championnat.
Un titre samedi viendrait parachever une très belle saison à titre personnel après le Grand Chelem acquis lors du dernier Tournoi…
Imanol Harinordoquy : Ce serait tout simplement énorme. Même historique. Gagner le Grand Chelem et après réussir à enchaîner avec un succès en Coupe d'Europe (soupir)… Je n'y pense pas trop, mais j'ai très envie de la gagner pour moi, le club et tous les gens qui suivent le BO.
Vous enchaînez les performances de haut niveau, êtes-vous conscient de disputer l'une de vos meilleures saisons ?
Imanol Harinordoquy : J'arrive à un moment de ma carrière ou j'ai plus de maîtrise, plus de confiance et une meilleure approche sur les évènements. Je prends encore plus de plaisir dans le sens ou je ne garde que le positif des situations en faisant abstraction du reste. Cette notion est importante. J'éprouve une réelle envie d'avancer, sans aucune appréhension. J'aborde les matches de cette façon là, sans avoir la peur de mal faire.